Journal

2018


12.2018

  • Le niveau de satisfaction. "Pas offrir avant d'être satisfait. On l'oublie. On le retravaille. Peut-être qu'il ne sortira jamais. C'est pas grave, ça fait travailler la pensée".​ Le compositeur de parfums Jean-Claude Ellena parlant du parfum (France culture "Parfums d'hiver" 15/02/14) 
  • Rapport charnel aux mots, les mots qu'on préfère et ceux qu'on ne supporte pas. 
  • Mauvaise semaine, ne pas avoir de propos, ne rien avoir à dire, l'impression désagréable que mes histoires sont vides de sens. 
  • Tâtonner avec obstination. 
  • Lecture d'"Une pièce bien à soi" de Virgina Woolf. Indispensable. Si je devais gérer davantage de choses, est-ce que j'aurais encore du temps pour la création ? Ne pas utiliser l'écriture comme déversoir pour ses frustrations de vie. 
  • Importance de l'énergie du corps pour écrire.
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11.2018

    • Un vieux monsieur que je vois parfois au restaurant japonais qui joue aux mikados tout seul, et savoir pourquoi on écrit, pour ce vieux monsieur, pour ces ces scènes, petites et grandes à la fois, ET puis entendre Nathacha Appanah parler dans La grande Librairie (diffusion du 21/11/2018) des non-puissants dont elle se sent faire partie "j'aime parler de mon prochain, c'est comme cela que j'arrive à dire le monde, à travers eux, à travers leurs vies[...]à travers ce que j'imagine qu'ils pensent..." ET compléter avec les paroles de Makenzy Orcel en atelier "Ne pas laisser de distance avec ces personnages, quand tu écris sur le clochard, sur le malade, soit le clochard, soit le malade, ne parle pas d'eux mais parle PARMI EUX".

    • Je rate le livre, c'est pour cela que je recommence toujours, pour le décalage entre le projet rêvé et l'écriture.

    • Une question qui un soir fait mal "Est-ce que vous vivez moins que vous n'écrivez ? " (Emmanuelle Bayamack-Tam dans l'émission Hors champs, France culture -11/02/2016).

10.2018

  • 00h30 :  regarder un documentaire sur les abeilles, et puis écouter des sons d'abeilles butinant pour trouver une image à y associer. Vive l'écriture !

  • ENTHOUSIASME. Pourquoi écrire ? Pour l'enthousiasme !

  • Patti Smith dans le magazine America (N°7 - Automne 2018) : "Ecrire ne veut pas dire publier...Je crois que j'écris pour composer quelque chose qui serait mieux que je ne suis, quelque chose qui justifierait mes errances...Les artistes n'ont pas plus de responsabilités que les autres, mis à part celle de faire leur travail du mieux qu'ils le peuvent".

  • La beauté de l'assemblage des mots : une constellation de phénomènes vitaux (titre d'un roman d'Anthony Marra).

  • Parler de ce sentiment d'insécurité, du mal...

  • "Je lâche prise par épuisement" dit Marie-Hélène Lafon concernant la fin d'un texte. Reprendre un texte jusqu'à épuisement puis se reposer puis recommencer.

  • Les mots indispensables de Makenzy Orcel (pendant sa résidence d'écriture à Vincennes) : la littérature c'est la langue, plus que l'histoire, trouver sa langue, sa voix, ses fantômes, ses démons intérieurs, ce qui nous ravage, ses non-dits, ses tabous, aller creuser dans tout ça. Ne pas avoir peur de s'ébranler, de caresser à rebrousse-poils, le travail de l'artiste est de sonder les mécanismes du changement. Nous sommes tous des opprimés, d'une relation, d'une histoire familiale. On écrit parce qu'on est perdu, qu'on cherche sa place. Ne pas inventer mais donner à sentir. Reprendre un texte sur les pulsions "La faim" après relecture de ces mots. Session épuisante. Sentir qu'on s'approche de quelque chose sans savoir si on va réussir à le tenir. Ressentir toujours une pression sociale sur ce qu'on dit, penser aux personnes qui vont nous lire. Le sentiment de s'approcher des "abysses" est très puissant.

  • La question de l'ellipse, la frustration de lire des textes avec trop d'ellipses quand justement ce qui compte c'est l'évolution par les détails. 

  • Quelle importance accorder à un texte qui émerge très vite ? Pourquoi n'aurait-il pas la même valeur qu'un texte corrigé ? Est-ce que ce qui est spontané n'a pas parfois plus de force, de puissance ?

  • Albertine Sarrazin dans "Lettres et poèmes" : "Attention je suis moi aussi une voleuse mais je me contente maintenant de voler des mots: n'écrivez rien de trop joli, autrement sûr que je vous le pique pour un proche griffonnage. Mes trois livres, ainsi, sont farcis d'emprunts. Tout comme l'adoption, un livre quand il est réussi, est moins une création qu'une oeuvre de récupération, un sursis sur le gaspillage...".

09.2018

  • Le plaisir d'avoir une nouvelle idée, de commencer une nouvelle histoire sans savoir tout de suite où elle va mener, avant de "souffrir" à l'écrire.
  • Dépasser le superficiel, aller plus loin. 
  • Travailler chaque jour en sortant de sa zone de confort, sinon cela ne sert à rien, on n'apprend rien.
  • Impression d'être dans une "zone de confort" avec les nouvelles, m'obliger à en sortir.
  • Réaliser qu'on écrit pour se souvenir, ne pas oublier le passé (sûrement déformé). 

08.2018

  • En reprenant "Le temps du trajet", une impression, celle de rester à la surface, de ne faire que du descriptif d'une situation. SE DEGAGER DU DESCRIPTIF POUR SE CONCENTRER SUR LES SENSATIONS: malaise, émotion, colère...

  • Un passage d'un entretien de Jonathan Franzen dans le magazine America (N°5 - Printemps 2018) qui interpelle. Il explique que dans ses premiers romans, il pensait d'abord à l'intrigue (par exemple un tremblement de terre) avant de se concentrer sur les suivants à l'histoire de ses personnages. Je n'ai pour construire mes romans que des concepts, des intrigues.

  • Un passage de l'entretien d'Alice Zeniter dans le podcast La poudre (épisode 33) : "Ne pas avoir d'enfant me paraît nécessaire pour préserver ma chambre à moi. Ma vie d'écrivaine est une lutte constante pour avoir du temps, pour articuler ce temps-là avec le temps d'une sociabilité, le temps des rendez-vous obligatoires, le temps de l'amour que j'essaie de préserver à deux beaucoup et quand je vois le casse-tête que ça représente déjà je me dis comment je pourrais lutter pour avoir du temps en plus pour un être à accompagner pendant des années et avoir un enfant pour ne pas lui donner tout ce temps-là, ça me paraît extrêmement cruel donc non j'ai pris la décision de ne pas en avoir."

  • Parfois, que c'est dur d'écrire, que ça coûte.. Pas d'imagination, multiplier les sorties !

  • Créer des sensations et non des émotions ?

  • Blocage... Formes courtes, haïkus... pour relancer la machine.

  • Travail sur un texte, un couple à une terrasse, alternance des points de vue. Recherche d'une méthode de travail. Et si j'essayais d'écrire toute l'histoire du point de vue féminin, puis toute l'histoire du point de vue masculin et ensuite de mélanger ?

  • Parfois, trouver ses idées mauvaises et clichés. C'est pas grave, les écrire quand même.

  • S'investir plus dans l'écriture, investir son corps et son âme, ne pas faire semblant.

  • 5 septembre : une bonne journée d'écriture.

  • Ne pas aimer lire un texte en se disant que c'est l'auteur frustré qui parle. Il faut que l'écrit transcende l'auteur, qu'en le lisant, je me dise que c'est de moi qu'il parle et non de lui.

  • Le plus agréable : quand une idée vous saute dessus et qu'il faut à tout prix l'écrire et que c'est possible parce que je suis disponible pour l'écrire.

07.2018

  • Penser à de vraies personnes pour décrire les personnages. 
  • Les paroles de Marie Darrieussecq entendue dans une émiqqion : quand on a du mal à écrire, faire comme si le narrateur écrivait lui-même sa propre histoire et qu'il avait lui aussi du mal à écrire...
  • On sait qu'un livre est fini quand on entend la dernière phrase. Il n'y a rien à rajouter.

05.2018

  • Du mal à écrire, du mal à lire, ne rien ressentir, attendre que ça passe. Et si ça ne passait pas ? Si le désir ne revenait pas ? Se forcer.

04.2018

  • En période de blocage autour d'un thème d'écriture, ne pas hésiter à chercher de la documentation sur tous supports.

  • "Ecrire pour retarder le jour où je n'écrirai plus, le jour où je sombrerai dans une dépression si profonde qu'il sera impossible de la distinguer d'une parfaite béatitude" Geoff Dyer. Qu'est-ce que je ferais de ma vie si je n'écrivais pas ?

  • Dur d'écrire en ce moment, fatiguée. Avoir plusieurs projets en même temps permet de retrouver de l'énergie, de retrouver de la force.

  • Si je parle à la première personne, ne pas laisser le lecteur à l'extérieur de la tête du personnage. Le narrateur ne doit pas s'observer de loin ou ignorer ce qu'il a dans sa propre tête, donner une signification aux gestes. Ce n'est pas l'auteur qui s'exprime à la première personne mais le personnage. A qui s'adresse-t-il et pourquoi ?

03.2018

  • Adaptation de "La balade au lac" en scénario. Le changement de la forme devient très utile pour voir les limites, incohérences de l'histoire, donne un nouvel angle à l'histoire, très rafraîchissant.

  • Une semaine difficile : écrire des choses sombres et  mauvaises mais continuer en se disant que quelque chose de bon va en sortir.

  • Lecture de l'entretien de Denis Côté pour "Que ta joie demeure" : "Il a été tourné en huit ou neuf jours, comme Carcasses ou Bestiaire. Le film est né d’un élan soudain. C’est instinctif, libérateur et cela me permet de retrouver l’énergie pour écrire le prochain film." Je le comprends comme ça : il faut parfois écrire d'un élan soudain, instinctif, libérateur pour retrouver de l'énergie. Je sens que je manque d'élan, et qu'il faudrait que j'essaye ça, toujours ce BESOIN DE CONTRAINTES.

  • Parfois des liens qui se font : Recherche d'un titre pour un texte sur une femme qui lâche son groupe pendant une randonnée en rivière pour se sentir en contact avec la nature. Le même jour, un épisode de Six feet under et un personnage utilisant un mot, écotone : zone de transition et de contact entre deux écosystèmes voisins. J'ai mon titre. L'écriture consiste à emprunter en permanence, à la vie, aux gens, aux autres oeuvres... 

02.2018

  • Trop d'utilisation des verbes observer, regarder, fixer.

  • Le plaisir d'avoir réduit le "comme".

  • La nécessité de la contrainte, de la contrainte des appels à textes pour écrire le plus possible. L'idée de Ray Bradbury en tête : écrivez des histoires courtes, une par semaine. Ainsi vous apprendrez votre métier d'écrivain.

  • Le sentiment du gâchis d'avoir déployé trop d'énergie à essayer de faire rentrer un texte dans la "case" d'un appel à textes.

  • Blocage en réfléchissant au thème du "risque". Et puis partir voir ailleurs quand on est bloqué, lectures, émissions de radio... 

  • Ne pas avoir peur de se tromper en décrivant des comportements mais faire l'effort de se mettre "dans la peau", il n"y a pas de mauvaise réponse, mais il faut jouer le jeu jusqu'au bout.

  • Session de travail sur un texte que je trouve mauvais et ennuyeux, mais plus j'insiste et travaille les mots pour installer une ambiance plus je me prends au jeu. INSISTER parfois.

  • Ne pas faire semblant de se corriger en se faisant des louanges.

  • Difficulté de travailler ce texte d'une fille qui rentre dans l'adolescence et développe une obsession. Projet beaucoup plus ambitieux que ce que je pensais au début. J'ai tout repris en me concentrant sur son évolution jour par jour. NE PAS PENSER AU PROJET GLOBAL, AVANCER PAS A PAS.

  • On n'arrive à décrire bien une scène qu'en lisant beaucoup. 

  • Reprise de textes très anciens, pas d'idée récente, la peur d'une imagination qui se tarit, ou bien c'est l'esprit qui fait revenir sur un texte encore et encore, pas la réponse.

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