Journal

2019


12.2019

  • Un souvenir d'enfance qui remonte à la surface, qu'est-ce qu'écrire si ce n'est convoquer le passé ? On n'écrit qu'à partir de souvenirs, est-ce que c'est dangereux ? Est-ce que ça nous enferme ? Et puis on lit Annie Ernaux (Revue Zadig N°4) et on comprend : Ecrire c'est une activité du présent d'abord, qui essaie de sauver le passé, mais pas seulement, qui est aussi tournée vers l'avenir. Ecrire, c'est en somme donner de l'avenir au passé. 

  • Trouver ses idées de plus en plus précises et s'en féliciter. Je ne sais pas si j'écris de mieux en mieux mais j'ai l'impression de mieux saisir, de mieux sentir ce que j'essaie de "transmettre". A la manière d'un chercheur d'or, je creuse un tunnel jusqu'à mon esprit, jusqu'à la naissance des émotions, les idées noires de la société, la haine de l'autre, les obsessions. Et tout cela je le dois aux autres, aux auteur.e.s, créateurs...

  • Une année rempli de lectures: James Baldwin, Dostoïesvski, Nina Berberova, Nabokov, les essais de Mona Chollet (sur ce que cela voulait dire d'être une sorcière...), de Liv Strömquist (sur l'amour, le patriarcat...), de Virgina Woolf (sur la nécessité d'un espace et d'une disposition mentale pour écrire), de Sarah Schulman (sur la gentrification), de Svetlana Alexievitch (sur Tchernobyl), de Jean-Paul Civeyrac (sur le cinéma), le témoignage de Natascha Kampusch sur l'enfermement, la survie et puis "Le silence de la mer" de Vercors.

  • La découverte de Robert Desnos avec le poème "La vaisselle" lu par Jean-Louis Trintignant, la mélancolie des peintures d'Hammershoi et de Dorignac, les créatures de plumes de Kate MccGwire, la construction de la maison de Jean-Pierre Raynaud et sa destruction, le temple de Gonzalo Borondo, le silence du mouvement au pavillon carré de Baudouin, la lumière d'Erwin Redl  à la Fondation EDF et la méthode de travail d'Henry Wessel: se réveiller en pleine nuit pour aller photographier, encore endormi, sans trop réfléchir.

  • Le cinéma coréen, inspirant, Burning, Parasite, Mother, les personnages féminins de Phantom Thread et de La favorite, l'humour français En liberté, Perdrix, Les coquillettes le cinéma Kurde, Iranien, l'écriture de Camille, Pupille, les marionnettes de La double vie de Véronique, le cinéma d'angoisse d'Ari Aster, l'humanité des documentaires Une tournée dans la neige, La vida loca.

  • La lecture coup sur coup de Girl d'Edna O'Brien et de De pierre et d'os m'interroge, à trop vouloir se rapprocher du réel, ne s'éloigne t'on pas du romanesque ? En les lisant, j'ai l'impression de passer d'une action à une autre sans que rien ne soit ancré dans le présent, un temps où l'on serait avec les personnages. Bien sûr si je m'interroge autant c'est par écho avec mon propre travail, un texte que j'ai écrit sur une femme aborigène de Tasmanie me semble soudain très loin de ce que je pensais et essaie de faire et en le relisant je n'y trouve qu'un enchaînement de mouvements détachés du personnage. 

11.2019

  • Patricia Highsmith ("L'art du suspense: mode d'emploi"): Le seul secret d'un romancier réside dans son individualité, sa personnalité. Et chacun étant différent, c'est à l'individu seul d'exprimer sa différence. C'est ce que j'appelle l'ouverture de soi, mais il n'y a rien de magique là-dedans, c'est tout simplement une forme de liberté - de liberté dirigée.

  • Ce sentiment désagréable lorsque j'ai beaucoup de choses à faire de ne jamais être TOTALEMENT à ce que je fais. Et en même temps, pourquoi être "productif" ne pourrait-il pas s'accorder avec la créativité ?

  • Un passage du film The hours sur l'écriture et sur le sentiment d'échec: Je voulais écrire sur tout. Tout ce qui se passe en un instant ... Tout ce qui fait le monde. Comme la confusion qui règne en ce moment. Et j'ai échoué. On finit toujours avec moins que ce qu'on avait.

  • Une pression nouvelle ? On veut tout, on n'est jamais satisfait. Depuis quand l'écriture est-elle une pression ?

  • Découvrir des phrases qu'on a soi-même écrites dans les romans des autres et trouver ça mauvais et par écho trouver son travail mauvais, c'est aussi ça parfois la réalité de la lecture.

10.2019

  • Céline Devaux (Remède à la mélancolie, France inter, 29/09/19): il y a un exercice un peu dangereux pour moi, le graal c'est ce moment ou l'on sent que l'on est en train de dire quelque chose que l'on ne devrait pas dire, et ça c'est une grande libération, c'est-à-dire quand une phrase parmi les autres phrases vient de notre honte, vient d'une vraie sincérité, de quelque chose qu'on aurait presque du mal à dire à ses amis... et l'idée de la transmettre aux autres, je partage ma honte avec toi, c'est se décharger de quelque chose sans aucun égoïsme...

  • Idée de thème : lorsque le familier devient soudain plus inconfortable, quand l'on ne se sent plus à l'aise avec ceux qui jusque-là nous apportaient le bonheur, le confort, la sécurité.

  • Suggestions d'exercices : écrire autour d'un mot et ses variations possibles, écrire une même scène avec différentes tonalités, je me souviens.

  • Ce prénom qui reste en tête, Lamarck, est-ce qu'il s'agit (en plus d'être une station de métro) d'un personnage de roman ?

  • J'essaie d'avancer  péniblement sur ce projet d'hommage au cinéma, je réfléchis à changer de méthode de travail, partir du thème pour y associer une scène de film. DONC trouver ces thèmes qui m'inspirent, la mélancolie, le mal-être, la colère, le désir...

  • Bribes de Cynthia Fleury (Les chemins de la philosophie, France culture, 18/10/19) : produire une matière qu'ensuite je taille, produis une forêt et parfois je n'arrive plus à y pénétrer, créer un chemin didactique, choisir un axe de transmission, se saisir du qualitatif par une obligation quantitative (s'impose un nombre de mots par jour)...

  • Ecrire des idées. Quand on n'arrive plus à inventer des histoires (et si je n'avais plus d'imagination pour des histoires ?), mettre en place une imagination idées, essayer d'autres formes !

08/09.2019

  • L'écriture est moins importante que ce qu'on vit, partir vivre pour mieux écrire (?)

  • Les papiers sont étalés sur la table, des centaines de feuilles de toutes les tailles, un roman, premier travail: reprise des noms des personnages, deuxième travail: faire un synopsis de chaque chapitre. Le premier chapitre, toujours recommencer ce travail sur le même chapitre. La prochaine fois, je commence par le chapitre 2.

  • La difficulté de trouver du temps pour réfléchir et écrire lorsque l'on est préoccupé par d'autres choses. 

  • Notes retrouvées dans une poche, les mots de James Baldwin: When you're writing, you're trying to find out something which you don't know. The whole language of writing for me is finding out what you don't want to know, what you don't want to find out, but something forces you to anyway. 

  • Proposer une vision est différent du fait de proposer une idée. L'action de peindre ne consiste pas à trouver des idées, le tableau se voit. Le fait de peindre découle du besoin d'articuler plastiquement sa propre vision, et de rien d'autre.

  • Créer ce n'est pas qu'un état ou un acte, c'est une façon d'être au monde, d'observer, d'absorber, d'analyser, de transformer.

  • Raconteuse d'histoires amène une dimension de partage à  l'acte. On raconte à l'autre.

07.2019

  • Partager des intuitions, des instants de clairvoyance donc rechercher soi-même ces instants en écrivant.
  • Il ne s'agit pas de parler de soi mais de chercher à retranscrire les émotions ressenties dans telle ou telle situation.
  • David Solis (exposition à la Maison de l'Amérique latine): Je peins d'imagination, je ne suis pas un réaliste. Je réinvente un monde en explorant tous les genres. Lorsque je peins, je me détache de mon environnement et je m'isole en moi-même.
  • Découverte inspirante (parce que différente) de la "maison" de Jean-Pierre Raynaud: projet artistique et intime sur lequel il a travaillé pendant plus de vingt ans, une maison à l'intérieur entièrement carrelé et devenant un refuge mental, accepter les autres en restant à l'intérieur de mon univers.
    • Quelques idées de David Thomas (podcast Travail soigné : écrire c'est se livrer masqué...satisfait quand le travail est fait, pas de ce que j'ai écrit car on peut éternellement l'améliorer...A un moment faut s'arrêter, ce qui compte c'est ce qui est fait, la satisfaction est là-dedans... Je peux pas être satisfait de tous mes textes mais même ceux moins bien ont un sens...m'inspire pas du factuel mais d'une émotion...Je ne cherche pas à être un homme ou une femme, mais un être humain dans une situation, photographie d'un instant... Je cherche à être au plus près de mes personnages, même quand ils sont cons, très souvent les gens sont entre formidables et insupportables, la réalité des gens est dans leurs émotions... Eternuement, orgasme et chute, trois moments où on ne peut pas cacher ses émotions et c'est ça qui m'intéresse.

    • Retour au plaisir d'écrire le matin !

    • De la vanité ? Cette sensation parfois d'être au bord d'une idée/concept géniale. Evidemment ça n'arrive pas...

    • Contact avec la revue L'allume-feu (et la formidable Léa) pour retravailler un texte, c'est la première fois qu'un travail commun a lieu, le plaisir de discuter ensemble sur la manière d'améliorer un texte.

    • Exercice : Ecrire sur un moment où l'on passe du désespoir à l'espoir.

    • Pourquoi telle ou telle scène ? Pas d'explication, parfois elles viennent toutes seules se positionner.

06.2019

  • Pour trouver de nouvelles idées de projets, relire ses anciennes notes plus souvent.

  • Ecrire, c'est écouter les autres et leur parler.

  • Mots désagréables à lire : éclair argenté, bouffée d'émotion.

  • La lecture libératrice de certains textes, alors j'ai le droit de faire ça, de parler de ces sujets-là ! : Mariana Enriquez "Ce que nous avons perdu dans le feu"; "La bête humaine" de Zola.

  • Livres et vous (France culture/Public Sénat, 14/06/2019): arrachement et attachement sont les deux pôles de la création littéraire (Marie-Hélène Lafon); Ecrire dans et pas sur (David Lopez).

  • Une exigence d'écrivaine correspondant à une exigence de lectrice.

  • Pour se remettre dans le bain, commencer par quelque chose de plus facile.

  • Georges Dorignac (Exposition au Musée de Montmarte): On ne peut rien faire si on ne laisse pas un lambeau de soi-même à chacune de ses oeuvres [...] Je commence à comprendre, et bien oui j'ai comme une intuition que je vais commencer à récolter ce que j'ai semé depuis bientôt quatorze ans. Pendant cet espace de temps j'ai beaucoup travaillé, et mérité bien des fois, et le tout vient de m'ouvrir les yeux et de me faire sentir, que tout ce que j'ai fait jusqu'à ce jour, ne vaut pas grand chose (...) Que se dégage-t-il de mes toiles, pas grand-chose hélas, on y trouve quelques fois un joli morceau, une jolie couleur, mais c'est-t-il cela le beau. Non. J'ai peint jusqu'à ce jour avec la science acquise, avec mon cerveau mais non avec mon âme, et en voulant mettre beaucoup, j'ai mis très peu [...] c'est un besoin impérieux de créer, une douce folie, qui fait qu'à la fin des journées, vous avez le cerveau vide, les reins douloureux, et le coeur content, si avec beaucoup de vous-même, vous avez mis sur le papier, ou sur la toile, une étincelle de ce que vous croyez être le beau, ou le vrai.

  • Erik Nussbicker (Exposition au Musée de la chasse): Je préfère l'action à l'énoncé de ce qui amène toute chose. La résistance d'une goutte d'eau ou le vernis d'un roseau chante mieux son nom que les mots.

  • Exercice (L'Inventoire): portrait d'un personnage qui débarque dans un endroit où il n'est pas attendu et dérange.

  • Pour écrire, être plus intelligente, et sensible et être capable de s'émerveiller.

  • Un joli titre : La patience des buffles sous la pluie (de David Thomas).

05.2019

  • Quelques notes prises de l'"Autoportrait de l'auteur en coureur de fond" d'Haruki Murakami : Les méthodes et les directions qu'un écrivain adopte afin de se nourrir, de se fortifier deviennent une part de son individualité d'écrivain et c'est ce qui lui donne sa spécificité; Lorsque nous nous lancons dans un projet d'écriture, que nous créons une histoire avec nos mots, une sorte de substance toxique, tapie au plus profond de chaque être humain ressort à la surface, que cela nous plaise ou non; L'activité artistique comporte certes des éléments malsains, antisociaux. Je dois admettre le fait [...] Mais ceux d'entre nous qui espèrent une longue carrière comme auteurs professionnels doivent se construire un système auto-immune, capable de résister aux toxines dangereuses (parfois mortelles) qui résident à l'intérieur d'eux-mêmes. Nous disposerons alors de toxines encore plus fortes, encore plus efficaces[...] En jouant avec elles, nous pourrons créer des récits encore plus puissants. Mais il nous faut une énergie considérable pour mettre en place ce système immunitaire et pour le conserver sur une longue période. Pour se confronter à quelque chose de malsain on doit être aussi sain que possible... une âme malsaine a besoin d'un corps en bonne santé. Le sain et le malsain ne sont pas nécessairement antagonistes. 

  • Tenir les idées comme des bouts de ficelle qu'on essaie tant bien que mal de garder en main.

  • Se sentir à la traîne, coincée avec des textes pendant que le monde change.

  • S'écarter de son idée initiale, parfois excitant parfois décevant.

  • Quelques notes de "Mon histoire vraie" de David Lynch qui rejoignent les idées de Murakami sur la nécessité d'être aussi "sain" que possible pour créer: La colère, la déprime et le chagrin peuvent donner de fort belles choses dans une histoire, mais pour l'artiste ou le cinéaste c'est comme un poison. C'est comme un étau qui limite la créativité. Quand on est pris dans cet étau, on a du mal à sortir du lit, on a un mal fou à ressentir le flux de la créativité et des idées. Il faut de la clarté pour créer. Il faut être en mesure d'attraper les idées [...] Mais le réalisateur n'est pas obligé de souffrir lui-même pour mettre en scène la souffrance. On peut la montrer, montrer la condition humaine, montrer les conflits et les contrastes, mais on n'est pas obligé d'endurer personnellement la souffrance. On peut très bien l'orchestrer, sans pour autant avoir à la subir. C'est aux personnages qu'il revient de montrer la souffrance. [...] J'aime à penser que Van Gogh aurait été encore plus prolifique et plus épatant s'il n'avait pas été aussi restreint parce qui le tourmentait. Je ne pense pas que ce soit la douleur qui lui ait conféré son immense talent - je pense en revanche que c'est la peinture qui lui a procuré le peu de bonheur qu'il a pu connaître [...] En tant qu'artiste, on se doit de connaître la colère, sans pour autant être restreint par elle. Afin de pouvoir créer, on a besoin d'énergie, on a besoin d'avoir les idées claires. Il faut être en mesure d'attraper des idées. Il faut être suffisamment fort pour lutter contre la pression et le stress incroyables de ce monde. Donc il paraît logique de se nourrir à la source de cette force, de cette clarté et de cette énergie - de plonger dedans et de l'activer. C'est une chose étrange, mais c'est une réalité de mon expérience. Le bien-être est comme un gilet pare-balles. C'est quelque chose qui vous protège. Si vous avez suffisamment de bien-être, c'est l'invincibilité. Et quand la négativité commence à se dissiper, on peut attraper davantage d'idées et mieux les comprendre. On est en mesure de démarrer plus facilement. On a plus d'énergie, nos idées sont plus claires. Alors on peut réellement se mettre au travail et traduire ces idées dans tel médium ou tel autre.

  • Ne pas rester bloqué sur un texte le soir, sinon on ne va jamais vouloir s'y remettre le lendemain

  • Albertine Sarrazin (Lettres et poèmes) sur la promotion par l'écrivain de ses livres : Je ne serai jamais un écrivain hors de l'acte d'écrire, je ne peux pas. Je ne peux pas me faire à l'idée que l'Astragale et La cavale (ses livres) comportent ces appendices sans fin: signer, signer, signer, bavasser dans des micros, s'ankyloser les zygomas, écouter des confidences, donner son avis sur des trucs. Et sur l'inspiration : N'écrivez rien de trop joli, autrement sûr que je vous le pique pour un prochain griffonnage...Un livre, quand il est réussi, est moins une création qu'une oeuvre de récup, un sursis sur le gaspillage.

  • Note retrouvée sur un post-it : est-ce que plus je travaille le style plus je perds l'humain ? Le style trop élaboré ne rend-il pas le texte trop glacé ?

  • Intérêt pour l'imaginaire de l'effondrement.

  • "L'écriture c'est aussi bien décrire l'horreur que la beauté du monde et la possibilité de la rédemption" (source inconnue)

  • Russel Banks (Revue America N°9): Mes opinions politiques doivent rester à l'écart de mon travail de romancier. J'essaie de proposer une vision plus large que celle du citoyen Russel Banks. Si vous êtes trop conscient de ce que vous êtes en train de faire, ce sera mauvais...J'écris pour comprendre le monde qui m'entoure, comprendre les gens. J'écris pour raconter des histoires c'est tout. Ecrire me permet d'être plus honnête, plus intelligent ou moins con, plus attentif au monde et à autrui. Un écrivain sert à comprendre ce qu'est un être humain. A comprendre ce qu'est un autre que soi-même... Un bon écrivain est d'abord un bon conteur.

  • Est-ce que je n'arrive plus à écrire parce que je ne prends plus de plaisir ou est-ce que je ne prends plus de plaisir parce que je n'arrive plus à écrire ?

  • La suspension consentie de l'incrédulité décrit l'opération mentale effectuée par le lecteur ou le spectateur d'une oeuvre de fiction qui accepte le temps de la consultation de l'oeuvre de mettre de côté son scepticisme. Alors il s'agit de ne pas faire sortir la personne de la lecture par des incohérences liées à l'univers du texte et par la manifestation trop forte du travail de l'écrivain (comme pour un ballet, l'effort des danseuses ne doit pas se remarques).

  • Notes prises en février 2018 : aimer observer pour cristalliser, écrire jusqu'à l'éreintement, jusqu'à ce que le texte n'en puisse plus et moi non plus. Soulages : C'est ce que je fais qui m'apprend ce que je cherche.

  • Vivre pour pouvoir écrire, mais en vivant trop, quelle place reste-t-il pour l'écriture ?

  • Kevin Jérôme Everson (France Culture 23/03/2019 Plan large) : J'aime bien cette idée qui consiste à s'intéresser plus à son sujet qu'à ce que va en penser le spectateur. Je fais mes films pour le sujet, pas pour le public. Je veux que le spectateur soit propulsé au milieu d'une situation, où la personne que je filme est plus maligne que le spectateur lui-même, afin que ce dernier soit obligé de courir après le personnage. Les ouvriers et les travailleurs que je filme sont comme des musiciens, leurs gestes se répètent, ils améliorent leur art, et c'est avec ma caméra que je filme leurs talents.

04.2019

  • Awe : émerveillement, sensation qu'ont les enfants quand ils découvrent quelque chose de nouveau. Un moyen de retrouver l'énergie d'écrire : S'EMERVEILLER

  • Carson McCullers (dans la revue America) : L'isolement moral, voilà ce qui sous-tend la plupart des sujets que je traite... Lorsque j'écris c'est comme un rêve qui s'épanouit. Une graine pousse, une graine qui se développe grâce au travail et à l'inconscient, et à la lutte qui se déroule entre les deux.

03.2019

  • Les mots de Julia Cameron dans "The right to write": Well, I guess I am scared of doing all that work for nothing. I mean, what if I write all my stories and no one buys them? You would still have had the delight of having written them. [...] We are waiting for someone else to come along and stamp our passport. We want official validation that we are "really" writers. The truth is, we need to give that permissions, that validation, ourselves.[...] Writers need to live in the world... When we center our writing lives on our writing instead on our lives, we leach both our lives and our writing of the nutrients they require." 

  • L'écriture est le seul moyen d'aller suffisamment au fond des choses pour faire des découvertes, c'est le seul moyen que j'ai trouvé pour rester sur la voie de la curiosité, de la découverte.

  • Il faut du désir pour avoir des idées, que faire quand on n'a plus de désirs ?

  • Ecrire avec ses tripes, pas avec sa tête, évacuer le censeur.

  • Revenir à ce que j'aime/veux écrire. Qu'est-ce que je veux écrire ?

  • Ecrire quelque chose juste pour le plaisir de l'écrire.

  • En ce moment, l'écriture est comme une prison dans laquelle je me sens obligée de retourner. Il faut écrire tous les jours disent ceux qui écrivent.

  • L'important n'est pas d'écrire le texte le plus original qui soit mais le plus humain.

  • Sentir que l'on ne peut pas écrire juste pour passer le temps, ça dépasse le loisir.

  • Les mots qui s'assemblent pour former de beaux titres...Le bruit des arbres la nuit...

02.2019

  • "Il ne faut pas écrire une seule ligne sur un autre sujet que l'obsession qui te poursuit, qui, venue des zones les plus obscures, te harcèle parfois pendant des années" (extrait de "L'ange des ténèbres" d'Ernesto Sabato).

  • "Mais quand un écrivain commence à expliquer ce qu'il a écrit, il l'abîme aussitôt. Un roman n'est pas un essai. Il y a dans les romans une part de mystère qu'il faut préserver [...] Je crois que les écrivains sont incapables de discuter de leur travail". Russell Banks dans la revue America.

  • Etre trop conscient de ce que l'on essaie d'entreprendre est paralysant.

  • Ecrire pour être plus intelligente, comprendre les autres, du moins m'y intéresser sans écrire aucune vérité. L'écriture comme moyen de s'intéresser aux autres.

  • Ne pas laisser la colère gagner, Colum McCann dans "Lettres à un jeune auteur" : Do not allow your heart to harden... 

  • Le temps de concentration d'une crevette, voilà ce que j'ai ! 

  • La photographie comme inspiration, les paysages de Nadav Kander.

  • Le choix du titre : "Le fracas des pattes de l'araignée" (titre du documentaire d'Aurélien Vernhes-Lermusiaux).

  • Raconteuse d'histoires.

  • 10 jours de non écriture. Pourquoi écrire ?

  • Ne pas écrire toujours à la même place, bouger pour ne pas développer d'escarres. "Après avoir été longtemps assise à mon bureau, j'ai décidé d'aller à la rencontre des gens et des lieux et de voir comment ça se passe, tout simplement avec ma fragilité et mon incompétence. Ne pas être derrière son bureau, c'est aussi ne pas s'appuyer sur des références, des autorités, ne pas avoir un discours érudit ou académique, mais être un être humain face à un autre". Fanny Chiarello (France culture 26/02/2019).

  • Ne plus savoir pourquoi on écrit et avoir la gorge serrée de voir s'éloigner ce qui aurait pu être différent dans sa vie. Ne plus réussir à se projeter dans l'avenir de son écriture. Joyce Carol Oates : Pour écrire un roman, il faut se projeter dans l'avenir. 

01.2019

  • Le plus important pour aller au bout d'un projet est d'aimer l'histoire que l'on veut raconter, ne pas s'arrêter à une écriture qu'on juge mauvaise donc paralysante.

  • Retrouver le plaisir d'écrire, un bout de fil que l'on se met à tirer par hasard, par curiosité et qui nous fait découvrir un personnage, un projet qui nous porte: page Wikipédia de la Tasmanie qui nous fait découvrir la situation des aborigènes au 19ème siècle et en particulier la vie d'une femme, Truganini et l'idée qui arrive.

  • L'émotion que procure l'art, quand on manquerait d'empathie pour la folie du monde, l'art nous ramène à l'essentiel, nous fait retrouver l'émotion et l'empathie.

  • Fuir le misérabilisme, mettre du comique dans le tragique et du tragique dans le comique. Ne pas avoir peur de ce mélange, on peut quand même faire passer des choses.

  • Quand on ne peut plus écrire, ne pas penser au fait que l'on écrive un livre mais se concentrer sur la phrase, j'écris une phrase, mot après mot (Philip Roth).

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