Journal

2020



12.2020

  • La nouvelle est un désir fugace, le roman (doit être) une obsession.

  • 3ème mois d'écriture du roman, 3ème chapitre, ça commence à pincer...

  • Comment faire quand ses personnages sont plus intelligents que nous ?

  • Il ne suffit pas de lire pour bien écrire, il faut analyser : les descriptions, celles des personnages, des décors, comprendre comment les dialogues sont amenés, et pourquoi chaque mot est à sa place. 

  • Quand on se sent sèche, fatiguée, faire autre chose. Noter les réactions de son corps, marcher, écouter... "On ne peut pas écrire sans la force du corps" a dit Marguerite Duras dans "Ecrire".

  • Se dire qu'en fait, chaque personnage c'est nous ! 

  • Quelques notes prises en lisant la thèse de Neige Sinno "L'écriture de l'inquiétude dans les nouvelles de Raymond Carver, Richard Ford et Tobias Wolff" (soutenue en 2005) : notion de perte au coeur du travail de Carver, parfois à la fin l'on retourne au désordre initial, l'on ne sait pas plus que les personnages ce qu'ils vont faire ou devenir.

  • La lecture comme  désir de recommencement, pour redonner envie d'écrire.

  • Une année remplie de lectures : la philosophie d'Alain De Botton, de Roland Barthes, la neige de "Seules les bêtes" de Colin Niel, encore du Dostoïevski, la découverte (passionnelle) de l'anthropologue Edward T. Hall, de la notion de proxémie (étude des distances sociales), des différences culturelles dans la perception du temps, de l'espace... Beaucoup de femmes :  Le mythe de la virilité d'Olivia Gazalé, Le consentement de Vanessa Spingora, King Kong theory de Virginie Despentes, Jouir de Sarah Barmak, La femme rompue de Simone de Beauvoir, Au bonheur des morts de Vinciane Despret, L'éloge du risque d'Anne Dufourmantelle, Le conflit d'Elisabeth Badinter... Etc.

  • Des réalisatrices : Alice Rohrwacher "Les merveilles", "Heureux comme Lazzaro", Ida Lupino, Alice Guy (documentaire Le jardin oublié), Chantal Akerman, Phoebe Waller-Bridge, Ana Lily Amirpour "A Girl Walks Home Alone At Night", Léa Mysius "Ava"... Boulimie du cinéma sociologique de Ruben Ostlund "Happy Sweden", "Play..." La poésie du Ballon rouge d'Albert Lamorisse, le cinéma de Dreyer, des documentaires sur le voguing "Kiki" (de Sara Jordenö), sur la transidentité "Petite fille" (de Sébastien Lifshitz), sur la difficile cohabitation entre un non-croyant iranien et quatre religieux conservateurs "Iranien" de Mehran Tamadon.

  • La beauté de l'exposition Faire corps à la Gaîté Lyrique d'Adrien M et Claire B. C'est parti pour 2021 !

  • La question de la légitimité pour écrire sur des sujets loin de nous : dans la fiction on admet que n'importe qui puisse parler de n'importe quoi, c'est le jeu...la fiction est un univers de simulation, la liberté des auteurs, l'autonomie du champ littéraire, s'est conquise de haute lutte. A toutes époques, il y a eu des gens pour dire vous n'avez pas le droit d'écrire ça...l'église, le pouvoir économique, l'académie. Au XIX, il y a eu une volonté d'autonomiser ce champ là. Les auteurs doivent défendre cette liberté là, que le pouvoir là des lecteurs essaie d'interférer vous n'avez pas le droit d'écrire ça parce que ça m'affecte

10/11.2020

  • Le talent c'est le désir.

  • Edward T. Hall parle de l'art dans "Le langage silencieux" : La caractéristique de l'art véritable est que l'harmonie qui s'en dégage est si grande que tout semble clair et simple, quand l'idée est si clairement formulée qu'on se demande pourquoi on ne l'a jamais formulée soi-même.

  • Nécessité d'être continuellement dans un processus créatif... Pourquoi j'ai écrit ces mots ? Je ne sais plus.

  • Ecrire pour créer des moments comme on en a soi-même vécu en lisant, ce moment hors du temps, de notre société, de notre vie, ce moment à part, pour soi.

  • Effectuer des recherches visuelles sur google maps pour un roman et se demander comment ils faisaient avant les écrivains. Ils inventaient. Et arrêter de recopier le réel.

  • Exercice: S'inspirer des "Villes invisibles" de Calvino pour imaginer la ville de ses rêves, de ses cauchemars, de ses envies. Extrait : Le jour où les habitants d'Eutropie se sentent accablés de fatigue, et que plus personne ne supporte son métier, ses parents, sa maison et sa vie, les dettes, les gens à saluer ou qui vous saluent, alors toute la population décide de déménager dans la ville voisine qui est là à attendre, toute vide et comme neuve, où chacun prendra un autre métier, une autre femme, verra en ouvrant sa fenêtre un autre paysage, passera ses soirées à d'autres passe-temps, amitiés, médisances.

09.2020

  • "Depuis bien des années l'écriture m'a permis de me déverrouiller. Le jour où j'ai compris qu'écrire, c'est se livrer, donner ce qu'on est, ce qu'on porte en soi, j'ai voulu dire ce que j'avais à dire sans me laisser brider par des peurs, des censures, telle ou telle considération. Ce que je dévoile de mon activité intérieure, mon lecteur peut le retrouver en lui. Je me repose donc sur cette idée que nous avons tous deux beaucoup en commun, et que je n'ai pas à redouter ce qu'il pensera de moi." Charles Juliet dans "Au pays du long nuage blanc".

  • La littérature pour faire apparaître autre chose, déplacer le regard.

  • (Pour les artistes) ... se servir de l'art comme moyen privilégié de compréhension de leur individualité, de pénétrer l'activité de leur propre psyché... Ils utilisent leur art comme moyen d'exprimer ce qu'ils voient, entendent et ressentent, ou pour les aider à comprendre ce qu'ils voient, entendent et ressentent. Edward T. Hall, anthropologue passionné et passionnant dans "La danse de la vie".

  • Commencer une nouvelle au milieu de l'action.

  • Ca ne sert à rien de se torturer avec ce que l'on a pas fait (Ca ne devait pas être fait ! Ca n'était pas mûr pour être fait !)...S'approprier les choses fait trop mal, on fait ce qu'on peut avec ce qu'on est. Solange te parle "La procrastination est une illusion". On peut compléter ces idées avec celles d'Etienne Souriau (cité par Vinciane Despret dans "Au bonheur des morts") : "L'artiste  est l'instaurateur d'une oeuvre qui vient à lui mais qui, sans lui, ne procéderait jamais vers l'existence". L'artiste n'est jamais le seul créateur mais il s'agit de se rendre capable de répondre à ce qu'exige une oeuvre.

  • Dans ce même essai de Vinciane Despret, découvrir la notion de "fabuler" (tirée de "La vierge et le neutrino" d'Isabelle Stengers") : Fabuler, raconter autrement, n'est pas rompre avec la "réalité" mais chercher à rendre perceptible, à faire penser et sentir des aspects de cette réalité qui, usuellement, sont pris comme accessoires." [...] Fabuler n'est pas fictionner. C'est extirper des rêves de quoi nourrir le réel.

  • Exercice: développer dix caractéristiques de votre personnage, c'est le genre de personne qui... puis l'intégrer à sa nouvelle.

08.2020

  • keep painting and keep painting, and see if you catch something... David Lynch dans le documentaire sur son travail "The art life".

  • Essayer d'écrire en imaginant à qui je vais raconter cette histoire ?

  • Pourquoi croire que plus je passe de temps à ma table de travail plus le texte va être bien écrit ?! S'imposer des temps limités pour retrouver un peu de temps libre.

  • Exercice: en s'inspirant  de la nouvelle "Plume" de Raymond Carver, imaginer comment un simple dîner entre deux couples peut remettre en question l'essence même d'une relation.

07.2020

  • La beauté d'un titre : Sous les mains de qui aurait l'audace (titre d'une exposition autour de l'éditeur de poésie Cheyne).

  • Pourquoi devrait-on toujours progresser ? Est-ce que le texte suivant sera forcément mieux ? Non mais de l'envisager comme un passage obligé soulage. Un peu. 

  • "Je m'étais abusée quand j'avais cru progresser. Et même, séparées du contenu singulier auquel je les avais appliquées, mes méthodes perdaient de leur subtilité, de leur souplesse. Je n'apportais rien de neuf; absolument rien. Et je savais que le second tome ne faisait que prolonger ce piétinement. Voilà : j'avais passé trois ans à écrire un livre inutile." L'âge de discrétion, Simone de Beauvoir.

  • Quand le désir n'est plus à l'écriture..."Je comprends que tu sois embêtée. Mais ne te frappe pas trop. Pour l'instant, c'est forcément le vide. Et puis un jour une idée te viendra." L'âge de discrétion, Simone de Beauvoir.

  • L'essentiel c'est d'avoir écrit, c'est d'écrire dit ma grand-mère.

  • Richard Powers dans America (Printemps 2020): Un romancier est un outsider. C'est la meilleure place qui soit pour regarder une société, d'ailleurs par bien des aspects, quand vous vous engagez dans une une vie de mots, vous ne vivez pas, vous regardez: vous observez votre propre vie et la vie qui vous entoure bien plus que vous ne vous y immergez. Voyager contribue à faire de vous un outsider.

  • Siri Hustvedt dans America (Eté 2020) cite le psychanalyste Peter Wolson qui explique que tout artiste a besoin d'un sentiment infatué de lui-même. Pour continuer de créer, il faudrait posséder comme une"conviction grisante de sa potentielle grandeur".

  • Recherche du mois : quels serpents peut-on trouver dans les étangs ? 

  • Exercice: raconter un moment important vécu au bout du fil sur le modèle du recueil "Ne quittez pas !" de Marie Sizun.

05/06.2020

  • L'écriture ouvre à l'observation mais ouvre-t-elle à l'autre ? Observer n'est pas vivre avec les autres.

  • Rendre la langue accessible.

  • Pourquoi ne pas essayer d'écrire plusieurs parties d'un roman en même temps si l'on n'arrive pas à écrire dans l'ordre chronologique ?

  • Un livre est fini quand on ne le supporte plus (Alice Zeniter dans Bookmakers d'Arte radio le 15/04/2020)

  • Klô Pelgag, artiste québécoise : ...je rencontre ce moment où chaque idée me semble répétitive, désuète, en comparaison aux drames qui m'entourent...

  • Méthode de travail de Colin Niel (Interview pour Milieu hostile le 02/11/2018) : Je fais une trame avant de commencer à écrire, mais ce n'est pas un plan. J'écris en trois, quatre pages, les idées que j'ai, mais il y a énormément de trous...

  • Le rôle du romancier est de présenter la discussion des problèmes plutôt que leur solution (Introduction "Les frères Karamazov" Fédor Dostoïevski, La Pléiade)

  • Attention aux phrases qui font émission de télévision !

  • Un passage du roman non achevé "Niétotchka Niézvanov" de Fédor Dostoïevski : Qu'est-ce qui t'inquiète: la pauvreté, le dénuement ? Mais la misère forme l'artiste; elle est inévitable dans les débuts. Maintenant personne n'a besoin de toi; personne n'a besoin de te connaître; c'est la vie du monde [...] Tu as trop d'amour-propre et tu n'oses pas assez. Sois plus hardi, attends, exerce-toi et, si vraiment les forces te font défaut, alor,s lance-toi au hasard; il y a en toi de l'ardeur, du sentiment. Peut-être tu atteindras ton but de cette façon. D'ailleurs, même si tu ne l'atteins pas, va quand même de l'avant, tu n'y perdras rien puisque tu y gagneras de la maîtrise.

04.2020

  • Avec le mois de mai commence le 48ème jour de confinement, mais revenons sur le mois d'avril et à l'écriture parce qu'il faut "écrire pour ne pas s'obstiner à la vitre des ressassements de l'actualité" a dit Wajdi Mouawad dans son journal de confinement du 19 mars ou pour "tuer le temps" a dit Maggie Nelson à France Culture le 28/08/2019 : Quand j'écrivais ce livre et que j'étais très malheureuse, je me suis rendue compte que l'écriture ne changeait rien, mais qu'elle permettait de tuer le temps. Parfois j'écris contre l'idée de l'écriture en tant que catharsis, mais une fois que le livre est paru, je vois beaucoup plus clairement ce que l'écriture du livre m'a apporté. En écrivant, j'épuise le sujet et par le biais de cet épuisement naît une curiosité pour un nouveau sujet, alors je peux passer à autre chose.

  • La foi et l'instinct ne suffisent pas, il faut travailler.

  • Sexisme en littérature (2) : Les samedis, Midori avait l'habitude d'occuper tout son après-midi dans un salon de coiffure [...] ses produits de beauté débordaient du placard. (Pétales de Guadaluppe Nettel). La jeune juriste se présenta donc, vêtue d'un exquis tailleur beige. Pendant qu'elle s'asseyait en face de lui en croisant ses belles jambes moulées dans un collant [...] De nouvelles affaires étaient venues s'accumuler dans les services de l'A.G., dont celles de la belle militante noire Agela Davis... (L'Attorney général de Bill Davison). J'ai beau reconnaître l'intérêt de l'écriture et de l'analyse de François Truffaut dans "Les films de ma vie", pourquoi si peu de femmes citées (plus de 60 réalisateurs hommes cités pour une femme, Agnès Varda et son film "La pointe courte") ? Inverser les chiffres pour voir où se situe le problème, si les chiffres avaient été inversés le livre se serait appelé "Les réalisatrices de ma vie". Pareille découverte dans "L'analyse des films" de Jacques Aumont et Michel Marie, 146 films d'hommes cités pour un seul de femme (India Song de Marguerite Duras). Dommage !

  • Tout ce que l'on fait c'est pour s'occuper alors y prendre du plaisir est la moindre des choses. On peut trouver de la joie dans des choses accessibles.

  • Avec ce projet sur le cinéma qui avance, j'ai cette impression de travailler tout le temps, de chercher du matériel dans tout. Quand est-ce qu'on se repose ?

  • Masterlass de Marie-Hélène Lafon du 13/10/2018 : la contrainte permet d'écarter le trop pour se concentrer sur quelque chose [...] On ne peut pas échapper à ses obsessions... Il faut aller là où il y a du désir et de la nécessité.

  • Les mots de Donna Tartt :  travailler le détail sur une très grande toile

  • Réaliser l'importance de ne pas être interrompu quand on travaille.

  • Ne pas perdre du temps à faire des choses pour l'appât du gain, par pure ambition mais se concentrer sur des projets qui nous apportent l'ambition de la joie et du plaisir.

  • Que veut-dire "Constituer une oeuvre" ?

  • En lisant "Essai sur le fou de champignons" de Peter Handke je pense à l'importance de la gestion du rythme, de l'intensité de l'action qui doit aller crescendo. On ne peut pas tout le temps être dans l'intensité !

  • Mona Chollet dans son ouvrage Sorcières : Voilà peut-être pourquoi j'écris des livres [...] pour faire émerger des sujets qui n'étaient parfois même pas constitués ou identifiés comme tels en affirmant leur pertinence, leur dignité.

  • Roland Barthes dans son ouvrage Mythologies : Le langage de l'écrivain n'a pas à charge de représenter le réel, mais de le signifier.

  • Truffaut  dans "Les films de ma vie" évoque l'importance de la seconde oeuvre. Celle-ci "permet de déterminer si l'artiste n'était que l'homme d'une seule oeuvre, c'est-à-dire un amateur doué ou bien un créateur, s'il était l'homme d'un coup de chance ou celui qui va évoluer."

  • Hélène Bertin sur le travail de Valentine Schlegel (Par les temps qui courent  sur France culture le 09/09/19): mener un chemin artistique à l'ombre des autres artistes et ne pas trouver ça grave c'est une forme de liberté. Valentine Schlegel a travaillé dans des espaces privés qui ont rendu son travail invisible et ça c'est aussi une forme de liberté.

  • Exercices : écrire une version contemporaine du Horla, à quoi cela ressemble la solitude des nuits à notre époque dans un appartement en ville // Ecrire un monologue par le biais de la présence d'autrui en prenant pour exemple "La dame du photographe" de Colette : "Mais ce jour dont je vous parle, j'ai senti que tout m'était égal, ou plutôt que rien ne me suffisait. Et les jours suivants..., je les passe sous silence. "Vous dites ? Oh ! non. Oh ! vous faites erreur, je ne méprisais pas mes occupations, au contraire. Jamais je ne m'y suis tant appliquée. Rien n'a cloché. Sauf que je trouvais le temps long et qu'en même temps je cherchais ce que j'aurais pu y introduire... La lecture ? Vous avez sûrement raison. La lecture est une bonne distraction... // A partir d'un tableau de Hopper écrire un monologue qui s'adresse à quelqu'un. // S'exercer aux comparaisons en prenant un élément, le ciel est (un manteau de laine pour Apollinaire), la haine est (un ivrogne au fond d'une taverne pour Baudelaire)...etc // Traduire l'émotion du silence.

02/03.2020

  • Commencer un journal de confinement qu'on espère inconsciemment plus original, moins autocentré que les autres. Et puis entendre celui de Wajdi Mouawad et trouver nos lignes bien ridicules en comparaison. Regretter son manque de culture qui permet des parallèles plus poussés. Il y a ce besoin toujours de dépasser les anecdotes personnelles pour aller vers l’universel. Il y a en même temps la (géniale) lecture d’Alain de Botton « Bien que le poète semble s’intéresser à l’individuel, il s’intéresse en réalité à l’universel ». Avec ce livre « Les consolations de la philosophie » il me rappelle l’importance de la philosophie. Il y a ce passage sur la nécessité : un chien attaché à une carriole, s’il tire la laisse il s’étrangle, s’il suit le mouvement il garde de la marge et donc une certaine liberté. De Botton cite Sénèque : la seule façon d’alléger les maux qui nous accablent, c’est de nous soumettre à la nécessité. Je cite De Botton : Pour réduire la violence de notre rébellion contre les événements qui contrarient nos intentions, nous devons considérer que nous avons, nous aussi, toujours une laisse autour du cou. C’est peut-être cela la liberté ? Faire avec la nécessité.

  • Alain de Botton cite également Nietzche sur le travail nécessaire pour devenir romancier, en voici quelques passages : on doit noter chaque jour des anecdotes jusqu’à ce qu’on ait appris à leur donner la forme la plus éloquente et efficace ; on doit observer et décrire infatigablement les divers types humains et caractères ; on doit surtout raconter des choses aux autres et écouter les autres en raconter, en gardant les yeux et les oreilles bien ouverts […] on doit enfin réfléchir aux motifs des actions humaines, ne dédaigner aucune source d’instruction à leur sujet et accumuler tout cela jour et nuit. On doit persévérer dans ces multiples exercices pendant une dizaine d’années ; ce qui sera alors créé […] méritera d’aller dans le monde. A cela vient se superposer ma propre interrogation, comment obtenir la distance suffisante sur son texte pour savoir si ce n’est pas satisfaisant parce que ce n’est pas assez bon ou parce qu’on y a passé trop de temps ? Peut-être le regard extérieur est-il toujours nécessaire ?

  • (Toujours) Alain de Botton dans le même ouvrage (décidément ! ) cite également Nietzsche sur la question du « talent » : ils (les grands hommes) avaient tous cette scrupuleuse application de l’artisan qui apprend à bien faire les parties avant d’oser entreprendre le tout. Ils s’en donnaient le temps, parce qu’ils prenaient davantage de plaisir à bien faire les petites choses secondaires qu’à contempler un ensemble admirable.

  • Quelques mots de Paul Harding notés lors du Festival America concernant le personnage : vivre pour le personnage l’expérience qu’on n’a pas vécu soi-même. Choisir les prénoms les plus neutres possibles comme ça ils ne se mettront pas dans les roues du récit.

  • Qu’est-ce que la liberté totale pour un écrivain ? Qu’il n’y ait pas d’argent en jeu ?

  • Philippe Jaenada dans le podcast d'Arte radio Bookmakers répond à la question sur le travers d’écrire toujours le même livre, il répond : c’est pas du tout un travers… Il faut refaire toujours le même livre. C’est pas comme si on vivait 3000 ans… On a des toutes petites vies. Il faut que j’écrive le même livre, que j’insiste là-dessus… Il y a des auteurs qui ont écrit un livre, ça suffit s’ils ont tout dit. Moi mon but c’est d’écrire toujours le même livre… de creuser la même idée de plus en plus profond.

  • Sexisme en littérature (1) Peut-on réussir à s’extirper des clichés de son époque ? Je relis un livre de mon enfance « La sorcière de midi » de Michel Honaker. Les filles y sont jolies, elles aiment le rose, les princes et sont trop fragiles pour vivre des aventures. En même temps je lis « Le jardin de cristal » de Mohsen Makhmalbâf où la féminité implique forcément le désir de maternité et je réalise les inconvénients de la littérature et des arts en général qui propagent aussi des clichés tenaces.

  • Quelques notes traduites du livre de Jerry Saltz « How to be an artist » : L’art n’a pas à faire sens, il ne faut pas se préoccuper de faire sens, plus vite ton art fait sens plus vite les gens s’en désintéressent […] Il faut être suffisamment détaché de son art pour voir ce que l’on fait clairement… Faire des pas de bébé, et y prendre du plaisir. […] Ne pas faire les choses pour être compris (art is not about understanding…or mastery. It’s about doing and experience).  Ecrire ce qui ne peut être dit. Important things are hard to write about. Say what you mean, even if it seems humble or humdrum. If it sounds too pretentious, don’t say it. If you’re not sure, wait and see – si tu deviens insupportable, tes pairs te le diront. Et enfin having a family is fine. 90% of artists have children.

  • Exercice : La découverte des histoires en trois phrases de Sarah Beaulieu. Un exercice à essayer et qui va aussi peut-être de pair avec un autre exercice: écrire pour chaque texte un court résumé (cent mots) et le faire lire à quelqu'un pour voir s’il comprend.

01.2020

  • Quand est-ce que les nouvelles idées sont revenues ? A l'apparition des fantômes (thème d'un atelier), aux nouvelles contraintes, aux nouvelles formes essayées.

  • A quels moments de l'enfance apparaissent pour la première fois les émotions: la culpabilité, la colère, la peur...

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