12.2021
"Une histoire est le moment après lequel la vie d'un personnage n'est plus jamais la même" Elizabeth Bowen
"La forme et l'idée c'est tout un et je ne sais pas ce que c'est l'un sans l'autre. Plus une idée est belle, plus la phrase est sonore [...] La précision de la pensée fait (et est elle-même) celle du mot." Flaubert
L'idée, encore selon Flaubert, qu'il faut fouiller le petit fait aussi puissamment que le grand.
"Je crois de plus en plus que l'écriture et le lange automatique ne sont que les stades élémentaires de l'initiation poétique. Par eux on enfonce les portes. Mais derrière ces portes il y en d'autres avec des serrures de sûreté qui ne cèdent qui si on cherche et trouve leur secret". Robert Desnos
Faire des exercices de l'Oulipo quand on est à sec.
L'écriture à programme (passer par plusieurs étapes, notes, documentation, plans, listes, esquisses, brouillons...) et l'écriture à processus (sans phase préparatoire, sans plan, par exemple Proust)
"Le désir comme aventure" Yannick Haenel : ...entrer dans l'écriture, c'est maintenir l'intensité du désir jusqu'à l'extrême sans le prolonger jusqu'à l'homicide [...] le langage transfère l'intensité du couteau dans le symbolique: il évite le passage à l'acte...
10/11.2021
Quelques idées entendues chez Ina Mihalache (SolangeTeParle) : La récompense est maintenant, pas plus tard... Sortir de l'égo, de vouloir la validation, la reconnaissance...
"Si je n'ai pas de tendresse pour mes dessins, qui en aura ?" Julie Delporte dans "Moi aussi je voulais l'emporter".
Chantal Akerman (de son cinéma): Ce que je veux, c'est que les gens sentent en eux le temps passer. Ainsi je ne leur ai pas volé deux heures, ils les ont vécues.
08.2021
Relire ses notes du mois d'août et ne plus s'y reconnaître : Ne pas prendre de posture d'écriture. Qu'est-ce que j'ai voulu dire ?
Lu dans la revue Janus n°13 (L'homme et la ville) : Le crépuscule des sédentaires (disposés par Georges-Hubert de Radkowski), de jolis mots pour un joli titre.
Pour le dialogue: ne pas répondre à toutes les questions, utiliser le grand tiret quadratin, le dialogue doit toujours mettre en scène des personnages en conflit, une différence, les personnages discutent de quelque chose qui leur tient à coeur et sur lequel leurs perspectives sont différentes.
Ecrire c'est très dur, avec de grandes fenêtres de joie. Andrée Chedid
07.2021
Méthode de Georges Simenon: écrire un chapitre par jour et découvrir ce qui vient après au fur et à mesure de l'écriture.
Fragments d'un discours amoureux, Roland Barthes : Savoir qu'on n'écrit pas pour l'autre, savoir que ces choses que je vais écrire ne me feront jamais aimer de qui j'aime, savoir que l'écriture ne compense rien, ne sublime rien, qu'elle est précisément là où tu n'es pas - c'est le commencement de l'écriture.
Pour écrire des scènes de repas, regarder des scènes de repas dans les films.
La discipline bat la motivation. (Jouak dans le podcast "Sens créatif" épisode 56)
Ecrire peut être quelque chose de naturel, que l'on considère comme sa fonction.
Le réalisateur Stanley Kubrick expliquait que pour faire un film, il faut 9 unités solides insubmersibles (et ensuite seulement on rajoute des passerelles). A tester pour un roman... (Entendu dans la conférence organisée par le Forum des Images sur La double narration dans Shining" par Laurent Vachaud).
Exercice: Ecrire une lettre à l'auteur qu'on aurait aimé rencontrer, avec qui on aurait aimé discuter.
06.2021
Miss Islande d'Auður Ava Ólafsdóttir "Je ne peux pas expliquer à Lydur que chaque fois qu’il ouvre la bouche, j’ai envie de noter ce qu’il dit. Et encore moins que j’écris aussi ce qu’il ne dit pas. Il ne comprendrait pas non plus que, parfois, j’ai envie de m’interrompre dans ce que je fais pour l’écrire au lieu de le vivre." "J'ai envie des deux. J'ai besoin à la fois d'être seule et accompagnée. Cela signifie que tu es à la fois écrivain et normale"
Ecrire pour ne pas parler, ne pas avoir à expliquer.
La devise du peintre Van Eyck : Du mieux que je peux (Als ich can).
Quand on se sent bloqué pour écrire, écouter quelque chose en même temps (podcast, série...) et picorer des mots pour y rebondir sur le papier.
Un joli titre : D'autres formes de tremblement.
On ne devrait écrire des livres que pour y dire des choses qu'on n'oserait confier à personne. [...] La valeur intrinsèque d'un livre ne dépend pas de l'importance du sujet... mais de la manière d'aborder l'accidentel et l'insignifiant, de maîtriser l'infime. [...] Quiconque se voue à une oeuvre croit - sans en être conscient - qu'elle survivra aux années, aux siècles, au temps lui-même... S'il sentait, pendant qu'il s'y consacre, qu'elle est périssable, il l'abandonnerait en chemin, il ne pourrait pas l'achever. [...] Le plus grand service qu'on puisse rendre à un auteur est de lui interdire de travailler pendant un certain temps. Des tyrannies de courte durée seraient nécessaires, qui s'emploieraient à suspendre toute activité intellectuelle. La liberté d'expression sans interruption aucune expose les talents à un péril mortel, elle les oblige à se dépenser au-delà de leurs ressources et les empêche de stocker des sensations et des expériences. La liberté sans limites est un attentat contre l'esprit. Cioran "De l'inconvénient d'être né".
05.2021
Quelques notes de "Rester vivant" de Houellebecq : La première démarche poétique consiste à remonter à l'origine. A savoir : à la souffrance ; Développez en vous un profond ressentiment à l'égard de la vie. Ce ressentiment est nécessaire à toute création artistique véritable ; Si vous ne parvenez pas à articuler votre souffrance dans une structure bien définie, vous êtes foutu. La souffrance vous bouffera tout cru, de l'intérieur, avant que vous ayez eu le temps d'écrire quoi que ce soit ; Au paroxysme de la souffrance, vous ne pourrez plus écrire. Si vous vous en sentez la force, essayez tout de même. Le résultat sera probablement mauvais; probablement, mais pas certainement ; Ne travaillez jamais. Ecrire des poèmes n'est pas un travail; c'est une charge.
La concentration arrive quand on est prêt à travailler.
Le sentiment aux objets, l'impression qu'il y a quelque chose derrière qu'on pourrait décrypter "je sentais que je n'allais pas au bout de mon impression, que quelque chose était derrière ce mouvement, derrière cette clarté" Proust "A la recherche du temps perdu".
Un morceau de la préface d'A rebours de Huysmans : Je pense que tous les gens de lettre sont comme moi, que jamais ils ne relisent leurs oeuvres lorsqu'elles ont paru. Rien n'est, en effet, plus désenchantant, plus pénible, que de regarder, après des années, ses phrases. Elles se sont en quelque sorte décantées et déposent au fond du livre; et la plupart du temps, les volumes ne sont pas ainsi que les vins qui s'améliorent en vieillissant; une fois dépouillés par l'âge, les chapitres s'éventent et leur bouquet s'étiole.
Exercice: Ecrire un poème sur ce qu'est le retour, un retour c'est...
03.2021
Le film "Le voyage à Lyon" de Claudia von Alemann, une discussion à propos des ponts: leur fatigue, et puis le rythme de la marche sur le pont.
Il faut écrire gratuitement...dans la plus grande liberté possible...Il faut écrire méchamment. Leïla Slimani, Masterclass de la BNF "En lisant, en écrivant" (23/03/21)
Et si mes idées n'avaient pas d'intérêt ? "Cette illusion qu'on a - et qui est juste - d'être le seul à avoir écrit ce qu'on a écrit, que ce soit nul ou merveilleux." Marguerite Duras "Ecrire". "Ai-je seulement des idées ? Je dirai plus volontiers mes intuitions." Georges Simenon "Le roman de l'homme".
Ecrire est-il le contraire de parler ? "Ecrire c'est aussi ne pas parler. C'est se taire. C'est hurler sans bruit. C'est reposant un écrivain, souvent, ça écoute beaucoup. Ca ne parle pas beaucoup parce que c'est impossible de parler à quelqu'un d'un livre qu'on a écrit et surtout d'un livre qu'on est en train d'écrire."
Ce n'est pas naturel d'écrire, c'est culturel.
Un petit point nécessaire, "il semble" ne veut rien dire.
Dans la Correspondance de Flaubert : A mesure que j'avance, je perds en verve, en originalité ce que j'acquiers peut-être en critique et en goût. J'arriverai, j'en ai peur, à ne plus oser écrire une ligne. La passion de la perfection vous fait détester même ce qui en approche.
Lectures sur l'écriture: "Ecrire" de Marguerite Duras, sa solitude (la solitude est-elle une nécessité pour l'écrivain?) La solitude de l'écriture c'est une solitude sans quoi l'écrit ne se produit pas... L'écriture c'est l'inconnu [...] l'inconnu de soi, de sa tête, de son corps. Ce n'est même pas une réflexion, écrire, c'est une sorte de faculté qu'on a à côté de sa personne, parallèlement à elle-même, d'une autre personne qui apparaît et qui avance, invisible, douée de pensée, de colère, et qui quelquefois, de son propre fait, est en danger d'en perdre la vie.
"Le roman de l'homme" de Georges Simenon : "...un personnage de roman, c'est n'importe qui dans la rue, c'est un homme, une femme quelconque. Nous avons tous, tant que nous sommes, tous les instincts de l'humanité en nous. Mais ces instincts, nous en refrénons tout au moins une partie, par honnêteté, par prudence, par éducation, parfois simplement parce que nous n'avons pas l'occasion d'agir autrement. Le personnage de roman, lui, ira jusqu'au maximum de lui-même et mon rôle à moi, romancier, est de le mettre dans une situation telle qu'il y soit forcé" ; "Quand vous avez une belle phrase, coupez-là !" ; "Et le début sera toujours le même; c'est presque un problème géométrique: j'ai tel homme, telle femme, dans tel milieu. Que peut-il leur arriver qui les obligera à aller au bout d'eux-mêmes? "; "La veille du premier jour, je sais ce qui se passera dans le premier chapitre. Ensuite, jour après jour, chapitre par chapitre, je découvre ce qui vient après. Quand j'ai commencé un roman, j'écris un chapitre chaque jour, sans sauter une journée. Parce qu'il y a une tension, je dois suivre le rythme du roman. Si, par exemple, je suis malade pendant quarante-huit heures, je dois détruire les chapitres composés. Et je ne reviens jamais sur ce roman."
01/02.2021
Un joli titre: Le brouhaha nostalgique des lieux perdus.
Le plaisir de faire exister dans un texte toute cette matière qui nous entoure, tout ce savoir.
Comment faire basculer dans un texte le savoir d'un personnage sans que cela ne sonne artificiel ?
Ne pas sous-estimer l'importance de la mémoire, si je me souviens d'un sujet c'est que c'est important.
"Etre artiste c'est accepter d'arrêter l'évolution... accepter d'être jugé sur quelque chose qu'on a arrêté et dont on sait qu'on aurait pu faire mieux..." Lou Doillon dans "Les gens qui doutent" de Fanny Ruwet du 22/12/2020.
Faut-il partir des idées ou des situations ?
Le narrateur c'est l'étranger en nous.
Astuce de Nicolas Mathieu : surligner les passages liés à la temporalité pour pouvoir y revenir facilement et en vérifier la cohérence (Bookmakers de Richard Gaitet du 27/01/2021).
La question de la légitimité (d'écrire sur ce qui est très loin de nous) dans la littérature par Nicolas Mathieu dans Bookmakers : Dans la fiction, on admet que n'importe qui puisse parler de n'importe quoi...La fiction c'est un univers de simulation, la liberté des auteurs s'est conquise de haute lutte...Elle doit être la plus large possible, après les gens ont la liberté de critiquer ou de ne pas lire, c'est une question de liberté d'expression.
S'appuyer sur l'enthousiasme plus que sur le doute.
Arrêter de s'inventer des problèmes sur ce qu'on a soi-même inventé, si tu n'écris pas ce matin, eh bien tu n'écris pas... C'est normal de ne pas savoir... Accepter les périodes d'involution, on ne peut pas croître en permanence (Eckhart Tolle).
On n'écrit pas un roman qu'avec un stylo et une feuille mais aussi avec tous les livres lus, les films regardés, les musiques écoutées, les gens aimés, les lieux où l'on a été, les parfums, les sons et les formes du passé (inspiré par Ansel Adams)